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EMMANUEL

Dès l’origine, en 1970, le travail d’Emmanuel s’organise autour de principes simples : des matériaux modestes (papier puis verre) et une économie d’exploitation de ces matériaux dont toutes les potentialités sont étudiées grâce à un travail sériel. Il applique ces principes dans un but : révéler la structure des choses afin d’en dévoiler l’essence, ce qu’il résume par un mot : abstraire. En jouant sur le rapport à l’espace et à la lumière, sur la relation plein/vide, sur le côté devant/derrière ou encore positif/négatif, il nous invite à nous poser la question de ce qu’il y a derrière l’illusion de la surface.

 

Le carré constitue l’élément de base de son vocabulaire, de même qu’une palette restreinte (blanc et noir hormis quelques rares excursions dans la couleur). Il a développé, analysé sous toutes ses facettes le carré puis l’a synthétisé jusqu'à l’épure, la ligne. Sans être dans la redite, il poursuit le travail amorcé par Malevitch et Albers. Si ce parti pris l’a amené à une certaine radicalité conceptuelle, il évite les pièges de la répétition et sait à chaque nouvelle série produire des effets nouveaux. En dépit de cette radicalité conceptuelle et grâce à l’attention extrême qu’il prête aux matériaux, le langage concret d’Emmanuel est riche d’effets que nous pouvons éprouver dans la sensualité d’un noir mat (qui n’est pas sans rappeler le grain du papier utilisé dans ses premiers travaux) ou, dans le verre (qu’il soit transparent ou opaque) qui reflète notre image et celle du monde environnant, ou bien aussi dans les différents rythmes nés des associations formelles.

 

Si le parcours d’Emmanuel dans l’art concret est déjà conséquent, il est loin d’être achevé et, depuis 2009 Emmanuel s’intéresse à un nouveau médium : la photographie. Appliquant à ce nouvel outil les mêmes principes qu’à l’ensemble de son œuvre, il présentera également un ensemble de planches d.clics. Attentif aux détails mais refusant l’anecdote il ne se situe ni dans la photographie documentaire, ni même dans la macrophotographie ou encore dans la photographie plasticienne. Nous n’avons pas besoin de connaître les recettes de l’artiste pour apprécier le goût et la saveur de ses d.clics ; l’alchimie opère. Nous sommes, comme dans toute œuvre d’Emmanuel dans l’épure et, si ces d.clics sont construits à partir d’éléments formels d’apparence simples et que la palette chromatique est neutre, rien dans ces derniers ne confine à la simplicité. Chaque planche affirme sa singularité et l’on peut tour à tour être bercé par une musique légère et entraînante ou alors frappé par la monumentalité d’un noir profond dont la présence physique en impose. Tel un trait d’union entre elles, une ligne, que l’on pourrait appeler cicatrice ou empreinte, apparaît dans chacune des planches, comme la trace physique d’un monde dont il faut s’abstraire afin de trouver l’essentiel. Une œuvre à la poésie riche dont il faut faire l’expérience.

 

Céline Berchiche 

 

 

 

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