Karl GERSTNER
Peintre suisse (Bâle 1930).
Possédant une solide formation de peintre et de typographe, Karl Gerstner va créer, dès 1952, des tableaux avec des éléments mobiles. À partir de 1953, il réalise ses premières œuvres dans un esprit systématique en s'appuyant sur l'exemple des artistes concrets zurichois, tels Max Bill et Richard Paul Lohse. Ses tableaux intitulés Aperspectif (1953 à 1955) présentent des formes géométriques simples qui sont indépendantes et peuvent être changées de place et dont la combinaison offre un grand nombre de possibilités. Ses œuvres postérieures ayant pour titre Concentrum ou Excentrum (1956) sont construites sur le même principe : des cercles concentriques mobiles et tournant sur eux-mêmes changent constamment l'aspect de la composition. Gerstner, dont la première exposition aura lieu à Zurich en 1957, va participer, en compagnie de Marcel Wyss, d'Eugen Gomringer et de Dieter Roth, à l'édition de la revue Spirale et inaugurer, la même année, son activité de théoricien avec la publication de son premier livre, Kalte Junst ? (Teufen, 1957) : ce plaidoyer pour l'art abstrait géométrique montre ses origines depuis Cézanne et le Cubo-Futurisme, en passant par Mondrian et Malévitch, apporte des explications sur l'art des principaux artistes de la génération intermédiaire, tels que Max Bill, Richard Paul Lohse et Camille Graeser, et présente, enfin, les œuvres des nouvelles générations. Gerstner se consacre beaucoup à son activité de typographe : il va fonder, à Bâle, en 1960, un studio de graphisme et de publicité, qui va devenir l'un des plus importants du monde, sous le nom de GGK, avec ses associés Paul Gredinger et Markus Kutter. En 1972, Gerstner publie l'un de ses livres les plus fameux, dans lequel il résume sa conception de la typographie, Compendium für Alphabeten Systematik der Schrift (" Compendium pour un alphabet systématique de l'écriture ").
Toutes les recherches de Gerstner dans le domaine visuel vont porter sur l'étude systématique des rapports entre la couleur et la forme. Il se situe dans la postérité de Josef Albers et de ses Hommages au carré. Gerstner va expérimenter de nouveaux matériaux, tels que la nitrocellulose, et va rechercher des procédés de fabrication utilisant des techniques de pointe. La série qu'il réalise sous le titre de Carro 64 est une illustration supplémentaire de ses préoccupations sur la permutation des formes et la participation du spectateur. Plus tard, les tableaux qu'il réalise sous le nom de Color Sound, conçus au moyen de plaques colorées superposées sont destinés à illustrer ses recherches sur les dégradés de couleur systématiques et les passages du clair au sombre dans la peinture. Les œuvres de Gerstner sont conservées dans de nombreux musées et collections suisses.